• mardi 5 novembre 2024 à 14h au Family
Les fonds côtiers le long du littoral breton sont d’une grande diversité et complexité. Ils présentent dans plusieurs régions des caractéristiques tout à fait uniques. Ces fonds sont-ils plats ou escarpés ? Quelle est l’origine des sédiments qui les recouvrent ? Quelles sont leurs dynamiques passées, actuelles et futures ? Quel a été le visage de la côte depuis plusieurs milliers d’années ? et la diversité biologique dans tout ça ? La géologie marine apporte des réponses à toutes ces questions. Elle est au cœur des préoccupations environnementales actuelles qui touchent à l’aménagement et à la gestion des littoraux et aux enjeux futurs. Son étude suppose de revisiter, ensemble, la compréhension de cet espace maritime particulièrement sensible. Ce voyage sous-marin, si près de nos habitations, et à la lecture de nouvelles connaissances scientifiques depuis plus d’une vingtaine d’années, est source de nouvelles curiosités.
J’étudie les relations entre les espèces et leur habitat au fond de l’eau. Je suis le seul géologue du laboratoire d’écologie benthique du centre Ifremer de Brest. J’apporte à mes collègues biologistes les compétences sur la nature et la morphologie des fonds marins, étroitement liées à la répartition des peuplements.
Pour cela, j’utilise des systèmes acoustiques qui sont remorqués derrière les bateaux, ou placés directement sous leur coque. L’Ifremer a même développé un petit bateau, l’Haliotis , qui permet d’explorer des zones de très petits fonds, impossibles à sonder avec les navires côtiers classiques(1).
Actuellement, je travaille sur les peuplements à Haploops. Ces puces de mer vivent dans des tubes fixés dans la vase, qui dépassent de quelques centimètres du fond. Elles ont été repérées dans deux endroits seulement en Bretagne : en baies de Concarneau et de Vilaine. Mais les biologistes ne comprenaient pas pourquoi, lors de leurs prélèvements, ils en trouvaient soit plusieurs milliers au m2, soit pas du tout. Nous avons apporté la réponse ! Les Haploops vivent dans des zones où la vase prend des formes circulaires. Ces cratères sont causés par des remontées de gaz. Ils sont peu profonds, mais peuvent atteindre trente mètres de diamètre, ce qui explique la variation des prélèvements : au milieu des cratères, il n’y a rien, mais sur les côtés, la pêche est bonne ! Le lien est avéré sur les deux sites.
Des études vont bientôt démarrer pour savoir pourquoi les Haploops vivent à ces endroits.
liens vers des publications en rapport avec la conférence :
https://www.quae.com/auteur/1341/axel-ehrhold
https://www.quae.com/auteur/123/claude-augris
https://www.locus-solus.fr/product-page/atlas-de-la-réserve-de-biosphère-d-iroise
https://www.youtube.com/watch?v=dSQ-Ul2loYM